Tous les temps ne sont pas également favorables au triomphe des vrais principes, et certes, quand on considère l’état actuel de l’esprit public en France, on ne peut guère espérer pour la grande cause de la liberté des échanges un triomphe immédiat ou prochain. Trop d’intérêts sont actuellement engagés dans le système protecteur et se croient liés au maintien de ce système, pour qu’il soit possible de l’ébranler tout à coup. Il y a peu d’industriels en France qui ne soient sérieusement convaincus que leur existence dépend de la conservation des tarifs qui les protègent ; il y en a peu qui ne tremblent à la seule idée d’un changement. Nous conviendrons d’ailleurs que, dans la situation qu’on leur a faite et au point de vue où ils se trouvent placés, cette impression est naturelle.Nous avons posé d’une manière générale les principes qui doivent nous guider dans la solution de cette grande question de la liberté des échanges. Il nous reste à pénétrer dans les détails d’application. Nous l’examinerons tour à tour au point de vue de l’exploitation des mines, de l’agriculture et du revenu public. Pour rendre notre étude sur ces divers points plus précise et plus complète, nous dirons quelles sont les réformes qui nous paraissent réalisables dès à présent, où ces réformes doivent tendre, dans quel esprit et dans quel ordre elles doivent se faire pour être effectuées sans danger. En même temps, nous essaierons de rendre sensible l’influence heureuse qu’elles exerceraient sur le développement de l’industrie française en général. Avant d’aller plus loin, il convient toutefois de rappeler en peu de mots ce que nous avons précédemment établi.